dimanche 27 septembre 2020

Kolyma - Tom Rob Smith

Fasciné par "Enfant 44" j'ai longtemps chercher la suite des aventures de Léo et Raïssa, et finalement je l'ai trouvé et en Grand-Format, le bonheur, allons voir ce qui se passe à KOLYMA.

Résumé :
1956. La mort du "petit père des peuples" a plongé le pays dans le chaos. Tandis que Kroutchev entreprend sa politique de déstalinisation, les langues se délient : le temps est venu de régler ses comptes.

Ex-agent zélé du MGB, Leo Demidov, aujourd'hui repenti, est à la tête d'un département de criminologie. Avec sa femme Raïssa, il a adopté deux fillettes, mais l'aînée, Zoya, hait ce père de substitution. Et elle n'est pas la seule...
Car, dans l'ombre, quelqu'un attend son heure, une femme que la colère et le sentiment d'injustice ont rendue ivre de vengeance.
Pour sauver les siens, Leo n'aura bientôt plus d'autre choix que de se jeter dans a gueule du loup : le terrifiant goulag de Kalyma...


Quand l'histoire d'un peuple s'écrit en lettre de sang ....
Quand la neige sibérienne fond sous la souffle chaud et humide des prisonniers ...
Quand les êtres humains sont jetés en pâture pour une gloire éphémère d'une nation ...
Cela donne un témoignage historique glaçant...


Autant le premier volet est un vrai polar sur fond de l'histoire sombre de l'URSS que je vous invite à découvrir ici, autant ce deuxième volet est un témoignage historique sur cette période noire de l'histoire de l'humanité, A travers une belle histoire de recherche de la vérité autour de personnages très bien travaillés et attachants à mourir, l'auteur (de très grand talent) nous décrit ce qui se passe réellement à l'Union Soviétique à cette époque, les violence des milices et des agents secrets, les tortures et les arrestations sommaires, les dénonciations et les lynchages ... mais surtout les fameux goulags au fin fond de la Sibérie, l'enfer commence dans les bateaux qui mènent à ces prisons où violence, viols, mort et déshonneurs sont légions ... ensuite dans les prisons elles mêmes, là c'est le faim, les travaux inhumains, la traîtrise et les conditions extrêmes de survie sont les maîtres mots ... des scènes et des révélations difficilement acceptables, des vérités enfuîtes dans les archives que la race humaine fait semblant d'ignorer ou (pour le plus honnêtes d'entre nous) d'oublier ... un témoignage glaçant de vérité et décoiffant de franchise ... la rédemption est elle possible ? les blessures guériront elles un jour ?


Autour de ces événements à Travers la Russie et la Hongrie, l'auteur nous fait surfer sur une autre vague plus douce, plus sensible et plus émotives sur l'amour paternel et maternel, sur la recherche de l'autre, sur les sacrifices terribles qu'un père peut faire pour gagner l'amour de sa famille au delà de l'environnement hostile et inhumain, au delà du désir aveugle de vengeance et de mort. 

Sans être aussi puissant que le premier roman, celui là nous offre aussi beaucoup de bons moments de lecture et des instants passionnant et la chair de poule tout le long des chapitres .. 


Je me lance à la recherche du troisième volet .... on en reparlera 

"Ska"



PS : un peu d'histoire 


La Kolyma, vaste territoire arctique et sub-arctique, avec des frontières politiques et géographiques mal définies, se trouve dans les plus lointains confins nord-est de la Sibérie. L'éloignement et l'isolement, la sévérité du climat et les conditions de vie très dures en font un « enfer blanc », un lieu à part. Les soviétiques redoutaient la Kolyma plus qu'aucune autre région de l'archipel du Goulag : « Колыма значит смерть » « Kolyma znatchit smert » (Kolyma veut dire mort) disait-on à l'époque. Une maxime, connue dans toute l'URSS, disait : « Kolyma, Kolyma, ô planète enchantée, l'hiver a douze mois, tout le reste c'est l'été. »

La Kolyma est une région-camp. Le camp n'a pas été seulement cet espace fermé que l'on imagine, entouré de barbelés et de miradors. Il a pris les formes les plus diverses: chantier, route, gisement, entreprise, mine, sans compter les innombrables postes isolés, dispersés dans la nature, où les détenus travaillaient, souvent sans escorte, à l'abattage du bois. Les camps ont été des unités mobiles créées, déplacées ou démantelées au gré des besoins. D'où leur imbrication durable dans les espaces les plus ordinaires qu'ils envahissent comme des métastases: usines et hôpitaux, théâtres et immeubles d'habitation. Ainsi Magadan, capitale de la Kolyma, a été entièrement édifiée par les détenus.  («La Route de la Kolyma», de Nicolas Werth, Belin, p 192 )

Dix-huit millions de Soviétiques ont rejoint le goulag entre 1929 et 1953. Des prisonniers de guerre, des détenus politiques, des criminels, petits ou grands, et des " exilés spéciaux " comme ces paysans propriétaires, baptisés " koulaks ". Ils ont séjourné dans 476 complexes répartis sur tout le territoire et composés de milliers de camps. Deux millions de personnes ont péri au cours de leur détention. Au plus fort de leur activité, les camps de la Kolyma ont rassemblé 200 000 prisonniers, encadrés par 60 000 bureaucrates et gardiens.

Comble de l’ironie, La plupart sont morts. Quelques survivants, une fois libérés, n’avaient plus nulle part où aller. Ils sont restés là où le destin les avait conduits


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