samedi 22 juillet 2017

D.A.B.D.A - Khaoula Hosni

L'auteur tunisienne Khaoula HOSNI m'a contacté et m'a généreusement offert un exemplaire de son livre D.A.B.D.A, dont c'est la deuxième édition. J'étais un peu débordé par mes activités professionnelles et par les vacances des enfants mais elle a su "gentiment provoquer" la lecture de son livre , voici donc : D.A.B.D.A

Résumé :
Denial (Déni).
Anger (Colère).
Bargaining (Négociation).
Depression (Dépression).
Acceptance (Acceptation).


Au lendemain de la mort de sa mère de substitution, Aidan Collins a autre chose en tête que de penser aux cinq étapes de son deuil. Entre le retour de la femme qui l’obsède, la nécessité d’affronter la haine des habitants du coin, et les prémices alarmantes de sa nouvelle crise de démence, son existence est traversée par un tourbillon d’événements qui menacent de le faire sombrer dans la folie. Un abysse familier dont seul son frère aîné, Garrett, a toujours eu le pouvoir de l’extirper.

Pourtant, entre les hauts murs du sinistre manoir familial des Collins - Silver Ouest Castle-, Aidan va traverser les étapes d’un tout autre deuil. Un deuil terrifiant, d’un genre nouveau…et parfaitement inconcevable.




"Un bon livre, ... est un livre que l'on regrette d'avoir terminé" citation de Joël Dicker (La vérité sur l'affaire Harry Quebert)
"Un très bon livre est un livre avec lequel on vit encore quelques heures voir quelques jours après l'avoir terminé" citation de moi même. 

Suivant ces deux définitions, je peux donc dire que celui ci est un très bon livre, voir même excellent à certains moments. On retrouve les ingrédients d'une grande fresque avec une construction parfaite des personnages, une description généreuse et détaillée, un travail de fond impeccable sur le cadre et les lieux, un réalisme lumineux dans les scènes et les dialogues et surtout une narration à la première personne parfaite pour ce genre d'histoires.

j'ai volontairement parlé d'une manière générale pour introduire cette chronique; car après avoir fermé ce livre, je me suis posé la question : "Pourquoi je n'ai pas eu envie d'acheter ce livre, bien que j'ai vu et parcouru toute la publicité précédant le lancement de cette édition ?"

La réponse est assez simple et constitue le point faible majeur du livre : le titre et le résumé en quatrième de couverture. 

Selon mon simple avis, et je suis loin d'être un expert en la matière, ces deux éléments ne rendent pas justice à l’exceptionnelle épopée décrite dans le livre, en parcourant le résumé, j'ai pensé à une énième fresque familiale sur fond d'histoire d'amour et de rédemption. Bien qu'on y est dans les grandes lignes mais on est loin d'une banale affaire familiale, notre roman est un thriller psychologique en premier lieu. c'est l'histoire d'Aidan Collins, homme instable, énigmatique et peu commode qui, suite à la mort de la personne la plus proche de lui, se trouve confronté à la présence de Cali, la femme qui l’obsède depuis son enfance et qui semble être à l'origine de tous ses maux ; leur face à face dans le décor sinistre et fantomatique du château familial, et sous les regards énigmatiques du frère aîné qui a été toujours l'ange gardien et le sauveur. Petit à petit et au fur et à mesure de la co-habitation, leur passé commun, ténébreux et sordide refait surface pour mettre à nu toutes les vérités sur la terrible malédiction qui pèse sur la familles Collins depuis des générations et ils vont tous les deux en faire les frais, et de la plus terrible des manières ...



Plaçons nous donc dans cet univers de thriller, je trouve que l'auteur a bien caché son jeu au début, cherchant à nous désorienter par des pièces de puzzle éparpillés ici et là, tout en construisant les trames de son histoire et de mettre en place le cadre et les personnages. Ensuite, petit à petit, cela devient de plus en plus intense et intriguant, on assiste à une augmentation du rythme régulière avec complexification des scènes et des situations jusqu'à la révélation finale surprenante et émouvante mais qui arrive un peu trop tôt à mon gout laissant une bonne cinquantaine de pages à la fin sans grand suspense et avec un rythme nettement inférieur au reste du livre. 

J'ai beaucoup aimé la répartition des différentes parties du livre selon les cinq étapes du deuil : Déni, Colère, Négociation, Dépression, Acceptation, cela permet d'avoir un fil rouge invisible auquel on s'accroche et on évolue autour des personnages, mais j'estime que d'avoir fait de ces 5 lettres le titre du livre n'était pas une bonne idée, personnellement j'aurais préféré un titre accrocheur qui rend justice au contenu. 

C'est aussi une histoire d'amour, belle mais tragique, tendre mais tumultueuse, bien servie, bien dessinée qui parfois m'arrache les larmes des yeux, bien rares dans mon cas quand je lis les livres. une histoire d'amour où le mot amour ne sort que très rarement (la première fois à la page 279 puis 354 ensuite 373 et 397) ce qui donne un certain charme à cette relation. malgré cette remarquable romance, la psychologie du personnage Cali n'est pas assez claire et trop changeante à mon gout pour être réaliste, cela reste quand même une belle histoire d'amour à la Douglas Kennedy jusqu’à la page 250 où elle bascule dans l'univers de Stephen King. 

C'est clair que pour chercher les points faibles de ce travail, il faut vraiment avoir un esprit tordu comme le mien et qui cherche souvent la petite bête, mais c'est un peu mon rôle et je vais essayer de le remplir : 

1- le personnage principale Aiden n'a rien trouvé lui même, toutes les vérités lui ont été dites par les autres, et cela est vraiment dommage car avec le souci du détail et les indices laissés par l'auteur tout le long du récit, le personnage principal aurait pu trouver une partie de la vérité tout seul ou chercher au moins à la découvrir et non pas attendre que quelqu'un lui offre les clefs sur un plateau. Ceci aurait été bien pour l'histoire d'une part mais aussi pour certains lecteurs qui ont passé à côté du grand travail de l'auteur à mettre des petits indices et  des détails bien étudiés un peu partout ... il y a certains lecteurs qui découvrent et d'autres qui ne voient pas grands choses, pour ces derniers il faut leurs montrer la lumière et pour les premiers il faut confirmer leurs hypothèses et dans tous les cas, je pense que tant d'indices et de détails doivent être révélés par le personnage principal et le plus tard possible. 

2- à travers les souvenirs du personnage, l'auteur nous amène dans plusieurs pays à conflits, deux de ces passages m'ont un peu dérangé celui de la Tunisie lors des événements de janvier 2011 et celui de la France lors des émeutes de Clichy-sous-bois, en effet, notre personnage principal a démontré tout le long du livre que son principal souci est de fuir ses propres démons et sa vie sinistre mais bizarrement dans ces deux passages il exprime une opinion politique et sociologique qui ne ressemble pas trop au personnage, même le cadre n'est pas celui du reste du livre pas assez sombre, pas assez sanglant et pas assez morbide. 

3- Carton jaune à l'éditeur pour les trop nombreuses fautes de frappe, c'est à peine excusable ; certaines changent même le sens de la phrase (exemple page 310 : Je me remis au volant, la grippe de mes mains ...)

Je me répète, mais le résultat final est prodigieux, et les quelques remarques émises plus haut ne diminuent en rien la qualité du roman sur tous les plans.



Je termine cette chronique pour parler un peu de l'auteur, que je me suis permis de juger son travail colossal ; je trouve sa plume naturelle, fluide, dynamique et généreuse en détails permettant une lecture facile et agréable, j'ai terminé les 480 pages en seulement 2 jours et quand on parle d'un livre de 480 pages, on parle d'un auteur qui a du respect pour ces lecteurs en leur offrant un livre complet, bien détaillé et GÉNÉREUX.

"Ska" 

3 commentaires:

  1. C'est vrai que le synopsis ne donne pas trop envie de lire, un peu marre des huits clos familiaux suite à un deuil qui finissent par la révélations de secrets enfuis , skander, malgré tes eloges , tu ne me donne pas envie de lire le livre , et c'est bien d'evoquer cette histoire de fautes d'ortographes quasi recurrente dans les romans tunisiens.

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    1. ce que j'ai n'ai pas réussit à transmettre mes émotions à travers cette chronique ... car c'est vraiment un bon livre qui mérite d'être lu.

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  2. Je confirme. C'est un livre qui mérite d'être lu.

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